Comprendre la féodalité

En terme strict, la féodalité est un système social dans lequel un vassal prête serment d'allégeance à un Seigneur. Celui ci le reçoit comme tel et, en échange, lui attribue divers avantages qui constituent le fief (terres, revenus, bénéfices d'impôts, etc.) dont il n'est pas propriétaire, mais simple bénéficiaire et fixe avec lui la coutume
Plus largement, c'est un système pyramidal d'administration des terres et biens d'un territoire appartenant à une personne.
Le Roi donne à ses Seigneurs vassaux des territoires.
Ces Seigneurs vassaux divisent ces territoires en domaines plus petits qu'ils distribuent à leurs propres vassaux et ainsi de suite. La contrepartie la plus courante est la protection armée que le Seigneur offre à son vassal. Et comme ce système s'applique à tout, l'homme d'arme recevra de son Seigneur gîte et couvert en échange de sa fidélité et de son engagement.
Ce système s'applique également au clergé, véritable Etat dans l'Etat, les évêques inféodant les biens de leur église ou bénéficiant de fiefs attribués par des laïcs.

Les Seigneurs et les évêques se pliaient là aux exigences d'une impérieuse nécessité : qu'aurait produit une terre fertile si elle n'était pas mise en culture ? Rien, bien sûr.
Mais pour cultiver, il faut au paysan une certaine sécurité, la protection d'une troupe armée prête à combattre une bande de brigands ou l'armée d'un rival qui veut étendre son domaine. Il faut également commercer et pour cela se déplacer.
Le pouvoir central est loin. Il faut, localement, dans chaque domaine territorial, un chef qui commande, juge, administre. Grâce à cette administration locale et aux tâches que le Seigneur sollicite de ses vassaux, des routes sont construites, des ponts solides traversent les rivières, des moulins sont édifiés, mais aussi des églises, des lieux de défense et de retraite sûrs ; et tout cela est entretenu à frais communs. Grâce à ces infrastructures, on pouvait échanger avec les domaines voisins, le commerce se développait, les paysans édifiaient leurs maisons, cultivaient leurs champs, payaient leurs impôts. Les artisans étaient sûrs d'être payés des travaux qu'ils effectuaient. Les prêtres célébraient les offices et prêchaient la charité, la justice, l'ordre et l'obéissance. Ils enseignaient également dans les écoles et, s'il n'y avait eu les guerres continuelles entre anglais et français, le peuple aurait pu accéder facilement à une instruction développée.

La féodalité obéissait à une stricte nécessité et c'est pour cela qu'elle s'implanta et perdura durant près de huit siècles. Elle fut remplacée, vers le XIIIème siècle, par le système seigneurial, qui en détourne le sens, le Seigneur ayant des droits, mais de moins en moins de devoirs, ce qui crée le sentiment d'oppression pour le peuple et amènera à la Révolution.
Saint Amans de Pellagal et sa grande voisine Lauzerte furent, au moment du développement rapide de celle ci, les bénéficiaires du système féodal. En attribuant à ce territoire possédé par les Seigneurs Castagner de Aucastels une Charte des Coutumes très avantageuse, il y eu un appel d'air de populations migrant de territoires moins bien lotis vers ce qui était considéré comme une commune bien administré, avec justice et équilibre. Le développement de voies de communications bien entretenues et fiables, ainsi que les taxes peu élevées, développèrent aussi le commerce, ce qui amena la région, sinon à l'opulence, du moins à un certain confort et à une notoriété enviable, jusqu'à faire de Lauzerte une ville royale.

Les dérives du système seigneurial, ainsi que l'administration défaillante signèrent le déclin aussi bien pour Lauzerte que pour les Seigneurs de Castagner, jusqu'à la ruine de ces derniers et à des épisodes épiques qui seraient risibles s'ils n'avaient entraîné aussi la misère pour les populations.

 

Mis à jour le 27.01.2018