Le XIXème siècle et l'histoire revisitée

 

Au cours du XIXème siècle, certains historiens ont fait plus œuvre de propagande que de recherches historiques sérieuses et documentées. Les buts étaient le plus souvent politiques. Mais il faut aussi considérer parfois le manque de documentation, les ouvrages anciens n'étant pas forcément à disposition ou la recherche y étant difficile.


On peut noter, par exemple, au cours du règne de Napoléon III, le travail de Victor Duruy, ministre de l'instruction publique à partir de 1863, qui sépare ce ministère de celui des cultes dans un désir profond de laïcisation de l'éducation. En tant qu'historien, il s'attache à définir une construction nationale qui fait alors cruellement défaut. Plusieurs de ses réformes lui amènent l'inimitié du clergé qui entre dans une opposition de principe.
Avec la guerre de 1870, on commence à voir l'émergence d'universitaires qui revisitent l'histoire, sur des bases pas forcément exactes, mais toujours dans le but de souder la France et d'en faire une Nation unie


Et ainsi, sous la IIème et la IIIème République, naissent des concepts "historiques" destinés à ce que les programmes scolaires soient au service de l'unité nationale, tout comme l'adoption de la devise "Liberté, Egalité, Fraternité" et de l'hymne national, La Marseillaise.
Ernest Lavisse, proche de Victor Duruy, publie " Histoire de France illustrée depuis les origines jusqu’à la Révolution" où la réalité historique laisse le pas à l'histoire positiviste, soucieuse, essentiellement, de rassembler les français dans une seule et même histoire à la marche glorieuse.


Il y a quelques années, l'écrivain François Reynaert dans son ouvrage "Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises" revenait sur un certain nombre de moments clefs de l'histoire de ce qui n'était pas encore la France et qui ont été érigés en dogme. Bien sûr, ce concept des Gaulois est loin d'être une réalité sur l'ensemble du territoire. Le Quercy, par exemple, a connu de nombreuses colonies de peuplement, mais n'était pas gouverné par des Gaulois, même si les peuplades installées ont combattu l'invasion romaine, à l'instar des grands chefs gaulois. De même aussi, Charles Martel dont on dit qu'il arrête les Arabes à Poitiers, alors qu'en réalité il a mis en fuite un rezzou, une petite bande de sarrasins venus piller la région, et dont le but n'était aucunement, ni de s'installer, ni de progresser encore plus vers le nord. Les sarrasins, solidement installés aux confins des Pyrénées, faisaient alors comme plus tard les Vikings : ils pillaient une région et se repliaient sur leurs bases. Tout au contraire, c'est Charles Martel qui, dépassant les limites de sa souveraineté, vient envahir l'Aquitaine et y établir le peuple franc.


Dans toute cette histoire nationale et laïque, de nombreux ecclésiastiques vont, eux aussi, livrer leur vision de l'histoire de France. Certains à l'échelle nationale, mais surtout à l'échelle locale. En effet, lorsqu'elles n'ont pas été détruites par la Révolution, ils sont toujours détenteurs des archives des paroisses, avec les actes de naissance et de décès, avec aussi des journaux de paroisse. Ce qui permet d'établir des généalogies et des chroniques locales.
Ils vont raconter l'histoire, en l'agrémentant parfois de détails qui relèvent de l'imaginaire, en réaction aux détails inventés par les historiens laïcs pour les raisons citées plus haut. Le plus souvent ces détails sont présentés comme des "on-dit", mais, assez souvent, ils sont clairement affirmés, sans aucune preuve. De plus, ce que l'un a agrémenté d'un prudent "Il semble que...", son successeur, quelques années après, l'affirmera comme une vérité, sans précaution de langage.

Victor Duruy

histoire de France Lavisse

François Reynaert

 

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Mis à jour le 05.02.2018