La dynastie des Castagner de Aucastels

Concernant l'orthographe des noms ainsi que les divers prénoms qui se perpétuent de génération en génération, merci de lire l'article L'histoire, l'orthographe, les langues et l'usure des siècles. On notera, en particulier, que le prénom Arnaud Gausbert est présent durant quatre générations successives. J'ai adopté, arbitrairement, l'orthographe "Castagner" pour la branche quercynoise de cette famille dont le nom apparaît sous 18 orthographes différentes dans les textes originaux, car elle se rapproche le plus, phonétiquement, de la forme occitane "Castanher"

 Installation en Quercy

La famille Chasteigner de la Chasteigneraye est une ancienne noblesse terrienne du Poitou qui sort du Moyen Âge riche d’honneurs et de terres qui s'étendent jusqu'aux marches des Pyrénées. (voir l'article sur Les autres possessions de la famille Castagner)

Paysage de bocage à la Châtaigneraie en Poitou

Au milieu du XIIème siècle, Pierre Chasteigner laissant une branche cadette de la famille administrer les domaines du Poitou vient avec son fils, Gislebert Chasteigner de la Chasteigneraye, en Quercy pour protéger ses possessions de l’expansion Cathare. Pour cela, il va nouer des alliances locales, par exemple en mariant Gislebert avec Marguerite de Gourdon, et profiter de l'étendue de ses domaines et de son prestige. Cela permettra à la famille Castagner d'asseoir son pouvoir dans la région et de devenir une alliée incontournable pour les seigneurs locaux. C'est un peu la noblesse d'Etat qui se rapproche de l'aristocratie locale pour la maintenir sous sa coupe.

Immédiatement, en 1176, il donne des gages de bonne volonté au Comte Raymond V de Toulouse en lui offrant une de ses terres, le "Puoig de Lauzerta" (puy de Lauzerte), qui est alors un petit village faiblement défendu sur une colline calcaire, charge à lui d’y construire 200 maisons protégées par des murailles et une forteresse. L'acte de donation précise les dimensions des maisons et les détails des constructions.

Lauzerte et la vallée du Lendou

En 1177, il rachète à Raymond V et rend aux moines cisterciens de Moissac des terres et une butte castrale nommée La Garde, qui est très proche de Lauzerte. Ce lieu, qui avait déjà été un domaine de l'abbaye de Moissac au début du siècle, sera inféodé aux frères Calvère, Arnaud et Guillaume, charge à eux d'y construire un petit château en 1204. Cette construction se poursuivra durant tout le XIIIème siècle, sous divers administrateurs du domaine. En fin de XIIIème siècle, c'est d'ailleurs l'arrière-petit-fils de Gislebert qui reprendra l'administration du lieu et construira, lui aussi, une partie du château. (voir la page consacrée à La Garde en Calvère)

La Garde en Calvère et le ruisseau Le Malby

Sa descendance directe continue son œuvre. Arnaud Gausbert de Castagner, son fils ainé, Ratier de Rozet, d'une branche cadette des Durfort et Pons de Castagner, son fils cadet, tous trois Consuls de Lauzerte, élaborent avec Raymond VI une charte des coutumes, octroyée définitivement en 1241 par Raymond VII, qui fixe d’anciens privilèges avantageux pour la population, abolit le servage, s'ouvre à la migration et offre à la famille Castagner des avantages conséquents.

Sceau de Raymond VII, Duc de Toulouse

En 1230, Arnaud Gausbert a épousé Alix de Loubéjac, dame de Aucastels et il a pris possession du château du même nom, une curieuse construction de brique cuite et de moellons calcaires aujourd’hui en ruines, édifié sur une motte castrale qui défend l’ancien  cami roumiou  (chemin romain), la route menant de Cahors à Moissac en passant par Lauzerte.
Tous ces lieux, Lauzerte (qui s’appelait précédemment Bellicerte), La Garde, Aucastels (qui s’appelait précédemment Hautmont), étaient sans doute déjà des points stratégiques de défense avant l’occupation romaine des cinq premiers siècles de notre ère, des oppida sommairement défendus, mais permettant de se réfugier en cas d’attaques de brigands et de protéger les récoltes. (Voir à ce sujet la page sur les mottes castrales)