La Motte Castrale

motte castrale

Les circonstances politiques

Entre l'an 800 et 850, l'Empire Carolingien, qui est immense, doit faire face à des invasions Vikings. Jusqu'à ce moment, ces peuples scandinaves étaient présents dans les villes côtières essentiellement pour commercer. Tout en continuant ces pratiques, ils commencent à piller les lieux où se trouvent les richesses : les églises et les abbayes. Les chrétiens respectent ces lieux de culte, mais les vikings n'ont pas ce respect. Ils lancent des expéditions en remontant les fleuves, pillent des trésors et retournent sur leurs bases avec les trésors pillés. Au fil du temps, vers la fin du IXème siècle, les expéditions se multiplient, plus nombreuses et plus audacieuses, avec des forces plus grandes. Les Vikings ne se contentent plus de piller, ils enlèvent des otages qu'ils revendent comme esclaves et parviennent même à s'installer sur certains territoires pour y passer l'hiver.
Ce climat d'insécurité et l'incapacité à régler ce problème va accélérer la chute du pouvoir Carolingien. Par ailleurs, les Arabes, eux aussi, continuent leurs raids, pillant les récoltes et se repliant sur leurs territoires en emmenant leur butin.
Devant la défaillance du pouvoir central, les aristocrates locaux, anciens grands guerriers du Royaume Mérovingien, richement dotés en terres offertes par le Roi pour récompenser leur bravoure et leur dévouement, vont chercher à défendre leurs biens et leurs sujets.
C'est alors que vont se développer, d'abord dans le Nord et l'Est du vaste Empire, en plaine, puis de plus en plus vers le sud, les mottes castrales.

motte de Saint Sylvain

Reconstitution d'une motte castrale à Saint Sylvain d'Anjou


Le principe de la motte castrale

On regroupe, en un lieu dénommé la Basse-Cour, la demeure du seigneur, des habitations et ateliers d'artisans (dont souvent la précieuse forge), des étables, des granges et un jardin potager. À proximité immédiate, on définit un espace de taille et de forme variable (rond ou ovale, moins de 100 m² pour les plus petits, mais pouvant aller jusqu'à 3000 m²) autour duquel on creuse un fossé. Les terres décaissées sont entassées au milieu pour réaliser un tertre surélevé de 5 à 20 m. Ce tertre est surmonté d'un donjon en bois, de dimensions très variables, avec un ou plusieurs étages. L'accès au donjon se fait toujours par une porte à l'étage à laquelle on accède par une échelle ou un plan incliné qu'on peut relever ou enlever. Si le Seigneur a les moyens d'entretenir une garnison, celle-ci a souvent ses quartiers dans le donjon. En périphérie de la surélévation, dont les bords sont soigneusement damés avec une forte pente (de 30° à 45° selon la texture de la terre) on édifie une palissade de bois haute de 1,70m à 3m, solidement enfoncée dans le sol. La basse-cour est protégée elle aussi par une palissade, souvent doublée d'un fossé. L'accès entre la basse-cour et la motte est assuré par une rampe en bois ou par un pont escamotable et une pente douce.

motte castrale de plaine en Allemagne

Reconstitution d'une motte castrale de plaine en Allemagne

Suivant les régions, on trouvera bien sûr des mots divers pour nommer la motte castrale. Les plus courants sont : tuque, tuc, d'où dérivent touquet, tuche, tuchel, tuquel, tusquet, tucquet, tucol, tucau, tuco, et tertre d'où dérivent teste, testa. On trouvera aussi, bien sûr, tous les mots dérivants de motte, comme mothe, mothet, mothelle. Il y a aussi les mots dérivant de puy, qui indiquent souvent une surélévation naturelle que l'homme investit : poujol, pujol, puech, pech, puch, poët, puig. Enfin viennent les mots qui désignent la motte et son château : castrum (qui, dans le latin pré-médiéval, désigne bien un ensemble architectural comprenant une fortification habitable surélevée), castel, castelet, mais aussi garde, lagarde (qui désigne, rappelons-le, un lieu fortifié et sa garnison), redoute (qui désigne un lieu fortifié avancé, première défense que rencontrera l'ennemi avant de s'attaquer au bâtiment principal)

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Mis à jour le 17.03.2018